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ravivées par la pluie, décoraient le bas des palissades, derrière lesquelles, si on y jetait un coup d’œil, s’entrevoyait une végétation luxuriante. L’Orme Pyncheon, sous une fraîche brise, voyait s’égayer ses vastes ramures, et on entendait au loin le frémissement bavard de ses mille petites langues feuillues, qui murmuraient toutes à la fois. Le vieil arbre n’avait pas souffert de la tempête, et la verdure était au grand complet, sauf une seule branche qui, par un de ces changements précoces au moyen desquels cette espèce d’arbre semble vouloir annoncer l’automne, avait pris une teinte jaune d’or. On eût dit le rameau qui, jadis, ouvrit les domaines de Pluton au pieux Æneas, et à la Sibylle.

Fiez-vous donc aux apparences ! L’hôtel Pyncheon en ce moment n’avait rien que de vénérable, et son aspect n’éveillait que des idées de bonheur. Les obliques rayons que le soleil envoyait à ses fenêtres, et qu’elles reflétaient joyeusement, — les longues lignes et les touffes éparses de mousse verte, par lesquelles le vieil édifice, fraternisant avec le Règne végétal, semblait prendre place parmi les plus anciennes créations de la Nature, et qui l’apparentaient, en quelque sorte, aux chênes séculaires des forêts primitives, — les gigantesques bardanes qui foisonnaient au seuil de l’antique portail, — tout cela, pour une personne douée de quelque imagination, en faisait la résidence d’une ancienne race Puritaine, chez laquelle l’inflexible transmission des vertus héréditaires avait à jamais fixé la concorde et le bonheur domestiques.

Un détail, par-dessus tout, serait resté dans la mémoire d’un observateur comme celui que nous supposons. Nous voulons parler de cette touffe de fleurs ta-