Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/328

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satisfaisante, et passerait pour scrupuleusement bien mis, sans une large tache pourpre qui descend le long de sa cravate blanche et jusque sur le devant de sa chemise, dont elle souille étrangement la blancheur neigeuse. — Est-ce le Juge, ou ne l’est-ce pas ? — Comment serait-ce le juge Pyncheon ? Nous distinguons, aussi clairement que peuvent nous le montrer les vacillantes et mobiles clartés de la lune, le Juge lui-même encore assis sur le fauteuil de chêne !… L’apparition, cependant, — soit ce qu’elle soit, — s’avance vers le tableau, semble vouloir soulever le cadre pour regarder ce qu’il peut cacher, et se détourne avec un froncement de sourcils qui témoigne d’un mécontentement égal à celui de son ancêtre.

N’allez pas envisager comme faisant positivement partie de notre histoire, cette scène tout à fait fantastique. Nous nous sommes laissé entraîner à l’espèce de ronde que dansent autour de nous les rayons de la lune, et que reflète le miroir, — espèce de porte ou de fenêtre ouverte sur le monde spirituel. Nous avions d’ailleurs besoin de quelque soulagement, après avoir trop longtemps, trop exclusivement contemplé cette figure assise sur le fauteuil. Les folles allures du vent, elles aussi, avaient mis une étrange confusion dans nos pensées, mais sans pouvoir les détacher du centre unique autour duquel leurs groupes s’étaient formés. — Ce Juge de plomb ne bougera-t-il donc pas ? — Son immobilité, qui pèse sur notre âme, finirait par nous faire perdre le sens… Et cette immobilité, nous pouvons la mesurer à la quiétude parfaite d’une petite souris, qui, sur la feuille de parquet que nous voyons éclairée par la lune près d’un des pieds du juge Pyncheon, assise