Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/327

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qui tourmente ces pauvres Pyncheon, alors qu’ils devraient reposer paisiblement… Et dans un coin, cependant, se tient le spectre d’un homme âgé, en pourpoint et culottes de cuir, de la poche duquel sort l’extrémité d’une règle de charpentier ; il montre du doigt le Colonel barbu et sa postérité, avec des signes de tête, des airs railleurs, des grimaces sans fin, lesquels aboutissent à un éclat de rire bruyant, — bruyant, du moins, si quelqu’un pouvait l’entendre.

Maintenant, emportés par notre imagination, nous allons peut-être un peu loin. Un personnage inattendu vient en effet prendre place dans ce tableau chimérique. Parmi tous ces ancêtres, c’est un jeune homme vêtu à la dernière mode : paletot brun à pans très succincts, pantalon gris, bottines-guêtres de cuir bréveté, chaîne d’or richement ciselée, et petite canne de baleine à tête d’argent. Rencontrant cette figure en plein jour, nous saluerions en elle le jeune Jaffrey Pyncheon, — le seul enfant qui reste au Juge, — parti depuis deux ans pour voyager à l’étranger. S’il est encore en vie, comment se fait-il que son ombre soit ici ? Et s’il est mort, quelle catastrophe ? — À qui donc reviendrait, en ce cas, le vaste domaine Pyncheon, joint aux grandes propriétés acquises par le père du jeune homme ? — Au pauvre Clifford, presque dépourvu de raison, à la maigre et solennelle Hepzibah, puis à cette fleur des champs, la petite Phœbé ! Mais une autre merveille nous attend, bien plus surprenante encore ! Pouvons-nous en croire nos yeux ? Un gentleman, d’âge mur et de taille épaisse, vient de faire son entrée ; il a des dehors éminemment respectables, porte habit et pantalons noirs de l’ampleur la plus