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carreaux, même, nous distinguons les feuillages noirâtres qui laissent percer, agités de temps à autre, quelques rayons venus des étoiles et tombant tantôt ici, tantôt là. Le plus souvent, ces clartés passagères arrivent sur le front du Juge. La lumière, ensuite, se fait de plus en plus nette ; elle arrive d’abord aux branches supérieures du poirier, puis, descendant toujours, elle enveloppe la masse entière de son feuillage, par les interstices duquel les rayons de la lune pénètrent obliquement à l’intérieur du salon. Ils se jouent autour du Juge, et montrent que, pendant les heures où il a cessé d’être visible, le digne homme n’a pas bougé. Ils brillent aussi sur sa montre ; le cadran disparaît sous la main qui le serre, mais nous savons que les fidèles aiguilles ont dû se rejoindre, car l’une des cloches de la ville sonne précisément, les douze coups de minuit.

À un homme tel que le juge Pyncheon, peu importe qu’il soit minuit ou midi. Ses ancêtres étaient superstitieux, mais il se rit de leur faiblesse d’esprit ; il s’en riait, du moins, il y a quelques heures. Ce n’est pas lui qui se fût rappelé, au coup de minuit, une absurde légende sur l’obligation où étaient les Pyncheon défunts de s’assembler au salon, cette heure venue. — Et pourquoi, je vous prie ? — Pour s’assurer que le portrait de leur ancêtre était toujours accroché au mur, conformément aux prescriptions de son testament !… Est-ce bien la peine, pour si peu, de quitter sa tombe ?

Cette idée nous amuse, aujourd’hui que les histoires de fantôme ne se prennent plus au sérieux. Et voici sans doute comme les choses se passaient :

Arrive d’abord l’ancêtre lui-même, avec son manteau noir, son chapeau-clocher, son haut-de-chausses bal-