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funéraire de mistress Pyncheon, puisque, au rapport du bedeau, cette pierre, tombant en avant, s’est fendue en deux. « Après tout, pensait le Juge, c’était une femme assez méritoire, nonobstant la susceptibilité de ses nerfs, les larmes qu’elle versait à tout propos, et sa sotte conduite au sujet du café ; puisqu’elle a su s’en aller à temps, on ne lui marchandera pas une seconde plaque de marbre… Cela vaut mieux, après tout, que si elle n’avait jamais eu besoin de la première ! »

Sur la liste viennent ensuite des ordres à donner pour certains arbres fruitiers, d’espèce rare, qu’il veut faire expédier à sa maison de campagne pour les y planter l’automne prochain. — C’est cela, juge Pyncheon : achetez ces beaux pêchers !… et que leurs fruits arrivent jusqu’à vos lèvres avec leurs sucs parfumés.

Autre article, plus important. Un des comités de son parti politique lui a demandé une centaine ou deux de dollars, en sus des contributions qu’il a déjà versées, pour mener à bien la campagne finale. Le Juge est un bon patriote ; l’élection de novembre décidera le sort du pays ; et d’ailleurs, ainsi qu’on le verra plus tard, dans cette grande partie qui va se jouer il est de ceux qui peuvent gagner le plus. Donc il fera ce que le Comité demande ; il ira même, dans sa libéralité, au delà de ce qu’on attend de lui ; c’est un billet de cinq cents dollars qu’il va leur expédier, se déclarant prêt à doubler la somme si le besoin de nouveaux fonds venait à se faire sentir… — Et ensuite ? — Une pauvre veuve ruinée, dont le mari était un des plus anciens amis du juge Pyncheon, lui a exposé sa situation dans une lettre fort touchante. Cette veuve et sa charmante fille ont à peine de quoi vivre. Il a presque