Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« toit » et de « foyer, » qui depuis si longtemps impliquent je ne sais quoi de sacré, disparaîtront bientôt de l’usage quotidien et seront à jamais oubliés… Figurez-vous, pour un moment, tout ce que ce changement si simple distraira de la somme des maux humains ! Ce que nous appelons propriété foncière, — ce sol immuable où la maison se bâtit, — est le large fondement sur lequel repose presque tout ce qu’il y a de mal en ce bas monde. Il n’est guère de mauvaise action qu’un homme ne commette, — et il entassera les uns sur les autres une foule de méfaits, constituant à la longue une masse énorme, dure comme le granit, laquelle pèsera sur son âme pendant toute l’Éternité, — rien que pour bâtir un grand hôtel sombre, où lui-même mourra bientôt, et où sa postérité traînera une existence misérable. Il met sous œuvre, pour ainsi dire, son propre cadavre, il suspend au mur son portrait grimaçant, et après avoir pris ainsi le rôle d’un mauvais génie, il se figure, — le croiriez-vous ? — que ses arrière-petits-enfants pourront vivre heureux dans ce logis !… Sachez bien que tout ceci n’est pas dit au hasard… J’ai sous les yeux, au moment où je vous parle, la maison dont il s’agit !

— En ce cas, monsieur, reprit le vieux gentleman, qui voulait bien évidemment laisser tomber la conversation, vous n’êtes nullement blâmable de la vouloir quitter.

— L’enfant qui vient de naître verra s’accomplir, avant sa mort, la destruction que j’annonce, continua Clifford… Le monde devient trop immatériel, trop intelligent pour supporter bien longtemps encore des énormités pareilles… Même pour moi, — qui ai cepen-