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ne pouvant plus imaginer aucun prétexte pour retarder la torture qui allait être infligée à Clifford, — et craignant aussi d’entendre, au bas des degrés, la voix sévère du juge Pyncheon qui lui reprocherait tant de retards et d’hésitations, — elle se glissa lentement, toute pâle et comme engourdie par le chagrin, jusqu’à la porte de la chambre occupée par son frère ; — puis elle frappa.

Aucune réponse.

Et comment aurait-on répondu ?… C’est à peine si sa main tremblante et paralysée par l’émotion avait effleuré les panneaux épais. Elle frappa de nouveau. Pas plus de réponse cette fois que la première. — Quoi de surprenant ? le coup avait été porté avec tout l’élan d’une crainte subite. Clifford, réveillé en sursaut, avait dû, comme l’enfant trop subitement appelé à l’heure des ténèbres, se jeter dans la ruelle et ramener ses draps par-dessus sa tête. — Elle frappa donc pour la troisième fois, trois coups réguliers, modérés, séparés par des intervalles égaux et, quoique discrets, trois coups significatifs.

Clifford ne répondit pas.

« Clifford, mon bon frère, dit Hepzibah, puis-je entrer ? »

Silence complet.

À deux ou trois reprises différentes, Hepzibah réitéra son appel sans le moindre succès, jusqu’à ce qu’enfin, jugeant son frère plus profondément endormi que de coutume, elle tourna le bouton de la porte, et pénétrant dans la chambre, n’y trouva personne… Comment serait-il sorti, et à quel moment, sans qu’elle s’en aperçût ? Se pouvait-il que, malgré le temps rigoureux, chassé par l’ennui qu’on respirait au dedans, il fût allé,