Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/270

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

buant l’usufruit du vieil hôtel de famille et du lambeau de terre patrimoniale qui en est le dernier annexe.

— Et vous voudriez nous enlever ceci ? demanda Hepzibah, incapable de maîtriser le mépris amer que le Juge lui inspirait… Est-ce là ce que vous exigez pour mettre fin à vos persécutions contre le pauvre Clifford ?

— Non certes, ma chère cousine, répondit-il, souriant avec bienveillance… Tout au contraire, vous ne pouvez me refuser cette justice, je me suis constamment offert à doubler ou tripler vos ressources, le jour où vous pourriez vous décider à recevoir des mains d’un parent quelques faveurs de cette nature… Non, certes, non, il n’est pas question de cela !… Voici ce dont il s’agit. Des grands biens que mon oncle possédait sans aucun doute, ainsi que je viens de vous le dire, on n’a pas, à sa mort, retrouvé la moitié ; que dis-je, pas même le tiers, j’en suis convaincu… Or j’ai les meilleures raisons possibles de croire que votre frère Clifford peut me mettre à même de recouvrer le reste.

— Clifford !… Clifford, ayant le secret d’une opulence cachée ?… Clifford, en passe de vous enrichir ? s’écria la vieille demoiselle qui trouvait évidemment quelque chose de ridicule à pareille idée… Mais c’est impossible !… Vous vous abusez étrangement… Tout ceci n’est vraiment pas sérieux !

— Aussi vrai que je suis ici debout, dit le juge Pyneheon, frappant à la fois le parquet de sa canne à pomme d’or et de son pied massif, comme pour donner à sa conviction tout le poids de son robuste individu, Clifford me l’a dit lui-même ?

— Non, non, s’écria Hepzibah, toujours incrédule ; vous rêvez, cousin Jaffrey.