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« Cousine Hepzibah, dit-il avec beaucoup de calme, il est grand temps que tout ceci finisse.

— C’est aussi mon avis, répondit-elle… Mais alors pourquoi vous entêtez-vous à nous persécuter ?… Laissez-nous en paix, le pauvre Clifford et moi ! C’est tout ce que nous vous demandons l’un et l’autre !

— J’ai dessein de voir Clifford avant de quitter cette maison, continua le Juge… Montrez-vous plus sensée, ma pauvre Hepzibah !… Je suis le seul ami qu’il ait, et ce n’est pas le pouvoir qui me manque. Ne vous êtes-vous jamais dit, — et seriez-vous réellement assez aveugle pour ne l’avoir pas compris — que sans mon consentement, je dis mieux, sans mes efforts, mes représentations, l’emploi de toute mon influence politique et officielle, Clifford n’aurait jamais recouvré ce que vous appelez sa liberté ? Verriez-vous par hasard dans sa délivrance un triomphe remporté sur moi ?… Vous vous tromperiez du tout au tout, ma bonne cousine. C’est au contraire l’accomplissement d’un projet que j’avais longtemps nourri, longtemps médité… S’il est libre, c’est à moi qu’il le doit.

— À vous ? répondit Hepzibah… Voilà ce que je ne pourrai jamais croire… Il ne vous doit, à vous, que son cachot… Et c’est la Providence divine qui l’en a fait sortir !

— Il me doit sa liberté, affirma le juge Pyncheon avec le calme le plus imposant, et je viens m’assurer aujourd’hui s’il est digne de la conserver… Cela ne dépendra que de lui… Pour cela, il faut que je le voie.

— Jamais ! Il y aurait là de quoi le rendre fou, s’écria Hepzibah, mais d’un ton assez irrésolu pour que cette nuance fût saisie à l’instant même par l’oreille