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dans les annales de la race dont nous parlons ; la mort violente d’un de ses membres, tombé, — ce fut du moins l’opinion générale, — sous les coups d’un autre Pyncheon, à la fois son neveu et son meurtrier. Il fut jugé, il fut même reconnu l’auteur de ce crime ; mais pour un motif ou l’autre, et peut-être à raison de l’influence politique dont ses parents jouissaient, — considération plus puissante sous un régime républicain qu’elle ne l’eût été dans un état monarchique, — le criminel vit commuer sa sentence de mort contre une captivité perpétuelle. Cette tragique affaire était arrivée environ trente ans avant le moment où commence notre récit. Depuis, le bruit avait circulé (peu de personnes y ajoutaient foi, une ou deux seulement s’en préoccupaient beaucoup) que cet homme, longtemps enfermé, devait bientôt sortir, pour des raisons assez vaguement formulées, de l’espèce de tombe où il achevait sa vie.

Nous devons placer ici quelques mots touchant la victime de ce meurtre maintenant oublié. C’était un vieux garçon, possesseur d’une grande fortune, en sus de la maison et du domaine qui constituaient les débris de l’antique héritage. Sous l’empire d’une humeur singulière et mélancolique, — adonné d’ailleurs au goût des vieux parchemins et des vieilles traditions, — il en était venu à se convaincre que Matthew Maule, le sorcier, avait été traîtreusement dépouillé de sa demeure et peut-être de sa vie. Ceci étant, puisqu’il se trouvait en possession du bien mal acquis, puisque ses richesses avaient comme un parfum de sang qui révoltait sa conscience, la question se présentait de savoir si, après tant d’années, il ne devait pas regarder comme un impérieux devoir de restituer à la postérité de Maule les biens dont