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avait proposé froidement de renoncer à tous ses droits sur la demeure de ses aïeux. Cette première stipulation avait en effet sa raison d’être, tandis qu’à l’appui de la seconde, on ne pouvait, en apparence, invoquer aucun motif. Matthew Maule n’en insista pas moins obstinément, pour que la jeune demoiselle fût convoquée, laissant même entendre à son père, — au moyen d’explications passablement ténébreuses, et qui donnaient à l’affaire une couleur assez suspecte, — que la seule chance d’arriver à la connaissance requise, était le concours, l’entremise d’une âme pure, d’une intelligence virginale, comme celles de la belle Alice. Élaguant de notre récit les scrupules de M. Pyncheon, — suggérés ou par sa conscience, ou par son orgueil, ou par son affection paternelle, — nous dirons simplement qu’en dernière analyse il fit appeler sa fille. Il la savait dans sa chambre, et sans motif valable pour ne pas accourir à l’instant même, car, depuis que son nom avait été prononcé, son père et le charpentier n’avaient cessé d’entendre la triste et douce musique de son clavecin, se mêlant aux plus plaintifs accents de sa voix aérienne.

Alice Pyncheon, ainsi mandée, ne tarda pas à se montrer, dans tout l’éclat de cette beauté aristocratique qu’on peut encore admirer aujourd’hui à Chatsworth, chez le représentant actuel des ducs de Devonshire, où se trouve son portrait, œuvre d’un pinceau Vénitien, et que son père, en vue d’un retour probable, avait laissé sur la terre anglaise.

Si jamais une femme naquit noble, et séparée du vulgaire par une sorte de majesté douce et froide, c’était bien celle dont nous parlons en ce moment. Mais à tout