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aux Sept Pignons, contre le possesseur de laquelle il paraissait se croire un titre quelconque, dérivant de la propriété du sol sur lequel la maison était bâtie. Le funèbre vagabond prétendait obstinément, — ou qu’une redevance lui fût payée depuis la date du premier coup de pioche donné pour creuser les caves, — ou que l’hôtel lui-même devînt sa chose : à défaut de ce, ce créancier-fantôme se réservait de mettre la main dans toutes les affaires des Pyncheon, et de les faire invariablement mal tourner, fût-ce un millier d’années après sa mort. C’était là, peut-être, une histoire passablement folle au premier coup d’œil ; mais elle ne paraissait pas tout à fait incroyable à ceux qui se rappelaient encore quel vieillard obstinément inflexible avait été, de son vivant, le sorcier défunt.

Maintenant, le petit-fils de ce sorcier, — le jeune Matthew Maule, héros de notre récit, — passait aux yeux du peuple pour avoir hérité quelques-unes des qualités les plus suspectes de son ancêtre. On faisait circuler sur le compte de ce garçon les absurdités les plus merveilleuses, — disant par exemple qu’il avait le singulier pouvoir d’influencer à son gré les rêves d’un chacun et de les mettre en scène à sa guise, absolument comme un directeur de théâtre. Il était aussi question, — parmi les voisins, et plus spécialement parmi les voisines, — de personnes que « l’Œil de Maule » avait ensorcelées. Quelques-uns prétendaient qu’il avait la faculté de lire dans l’esprit des gens ; d’autres, que par le pouvoir merveilleux de cet œil, il lui était loisible d’attirer n’importe qui dans l’orbite de sa propre intelligence, et d’expédier provisoirement dans l’autre monde ceux qu’il avait ainsi soumis, en les