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pour le défendre contre n’importe quel ennemi, le zèle infatigable et sans scrupule avec lequel, pour lui dénicher les vers les plus gras, elle fouillait jusqu’aux racines la fleur la mieux épanouie, ou le légume le plus succulent. On entendait à chaque instant du jour, ou son inquiet gloussement lorsque le poulet avait disparu derrière le feuillage des courges, ou le coassement satisfait qui attestait le retour de l’enfant chéri sous son aile protectrice, ou le défi bruyant — mêlé de notes craintives — qu’elle envoyait au chat du voisin, son ennemi le plus redouté, quand elle le voyait perché au sommet de la haute barrière. Peu à peu, observant ces soins assidus, on prenait tout autant d’intérêt qu’elle-même aux destinées de ce représentant d’une race illustre.

Depuis l’arrivée de Phœbé, la seconde des deux poules avait manifesté une sorte d’abattement qui provenait, — on s’en aperçut plus tard, — de son incapacité à pondre un œuf. Certain jour, néanmoins, sa démarche importante, le tour oblique de sa tête, le mouvement de ses yeux noirs, tandis qu’elle explorait l’un après l’autre tous les coins et recoins du jardin, — s’adressant à elle-même les compliments les moins équivoques, — tous ces symptômes tendirent à prouver que cette poule trop dédaignée portait en elle un trésor inestimable, dont tout l’or, toutes les pierreries de ce bas monde n’auraient pu fournir l’équivalent. Bientôt après la famille entière gloussa des congratulations infinies, y compris le respectable petit poulet qu’on eût pu croire, tout comme son père, sa mère, ou sa tante, au courant de ce qui venait d’arriver. Phœbé, dans l’après-midi, découvrit un œuf lilliputien, —