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quelques dégâts, mais n’ayant d’ailleurs aucune chance d’évasion dans cette enceinte qui se trouvait bien close, de trois côtés par les maisons, et du quatrième par une haute barrière de bois. Tout observateur un peu appliqué sait combien les poules sont amusantes à étudier, ce qu’il y a de piquant dans leurs fantaisies humoristiques, de grave et de narquois dans leurs regards, de richement varié dans leurs allures. Mais celles-ci avaient un cachet tout particulier. Paisibles en général, malgré de brusques saillies, elles avaient l’une avec l’autre des entretiens suivis, interrompus çà et là par quelques soliloques, pendant les longues heures de loisir qu’elles passaient au bord de la source de Maule, hantée par une espèce de limaces qui les affriandait tout particulièrement. Perché sur ses deux longues jambes comme sur deux échasses, — et trahissant par toutes ses allures l’orgueil de ses trente-deux quartiers, — le coq n’était guère plus gros qu’une perdrix ordinaire ; ses deux femmes avaient la proportion de la caille ; et quant à l’unique poulet, — assez petit, semblait-il, pour tenir encore dans un œuf de moyenne grosseur, — il avait un air vieillot, desséché, compassé, vénérable, qui eût pu convenir au père d’une nombreuse famille. Sa mère le regardait évidemment comme le poulet par excellence, indispensable à la perpétuation d’une race antique, — peut-être à l’existence de l’Univers — et dans tous les cas au maintien de l’équilibre actuel, soit dans l’ordre religieux, soit dans l’ordre politique. Ainsi devait s’interpréter, ainsi se justifiait la persévérance avec laquelle cette mère dévouée surveillait sa progéniture, le courage qu’elle déployait, hérissant ses plumes,