Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— la révélation d’un caractère immuable ? et non-seulement immuable, mais héréditaire, dérivant de cet ancêtre barbu dans le portrait duquel se lisaient, comme en une espèce de prophétie, les traits du Juge contemporain ?… Dans cette idée, il y aurait eu quelque chose de terrible pour un philosophe plus expert que Phœbé. Elle impliquait, effectivement, que les faiblesses et les défauts, les mauvaises passions, les tendances viles, bref toutes les maladies morales qui conduisent au crime, passent d’une génération à l’autre par une transmission plus certaine, plus sûre que les lois humaines n’ont pu l’établir pour les richesses ou les honneurs qu’il s’agit de garantir à la postérité de leur possesseur actuel.

Mais à peine les yeux de Phœbé se furent-ils de nouveau arrêtés sur la physionomie du Juge, que celle-ci perdit à l’instant même sa repoussante sévérité ; la jeune fille, alors, se trouva comme étouffée par la bienveillance caniculaire qui émanait de cet excellent homme, à peu près comme cette odeur qu’exhale le serpent et qui, s’il faut en croire certains naturalistes, sert de prélude à son irrésistible fascination.

« Fort bien, fort bien ! cousine Phœbé, s’écria-t-il avec une approbation emphatique… Cette pudeur vous sied à merveille, ma petite cousine… J’aime qu’une jeune fille sache se garder… Surtout quand elle est jolie, une jeune fille ne saurait se montrer trop avare de ses lèvres.

— En vérité, monsieur, dit Phœbé s’efforçant de tourner la chose en plaisanterie… je ne prétendais pas me montrer si rigoriste. »

Néanmoins, — que cela vînt ou non de ce début