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zibah… De la gaieté !… Rien que de la gaieté, quoi qu’il arrive ! »

La pause finale, derrière la porte, se prolongea tellement qu’Hepzibah, — incapable de supporter une pareille inquiétude, — se précipita pour ouvrir à l’étranger, qu’elle introduisit en le tirant par la main. Le premier coup d’œil de Phœbé tomba sur un homme déjà d’un certain âge, vêtu d’un peignoir en soie, de coupe ancienne et d’une étoffe passée ; ses cheveux gris, ou pour mieux dire presque blancs, étaient d’une longueur inusitée et masquaient absolument son front, si ce n’est quand il les rejetait en arrière pour promener dans la chambre de vagues regards. Il ne fallait pas scruter longtemps ses traits pour les trouver d’accord avec le pas incertain qui venait de l’amener. Ce n’est pas que les forces physiques dussent lui manquer pour une allure plus décidée et plus ferme : l’esprit seul de cet homme était débile, incapable du moindre effort ; on le voyait à l’expression de sa physionomie, éclairée des lueurs de la raison, mais où ces clartés mourantes semblaient vaciller, sur le point de s’éteindre, et ne se ranimaient guère qu’à demi. Il en était d’elles comme de ces flammes qu’on voit reluire le long des tisons presque amortis, et, dont l’existence fugitive attire d’autant mieux le regard, qu’on se demande si elles vont disparaître tout à fait, ou rendre au feu son activité première.

Pendant un instant, après son entrée, le nouvel hôte resta debout, gardant instinctivement la main d’Hepzibah, comme un enfant celle de la grande personne qui lui sert de guide. Il voyait cependant Phœbé, dont la présence égayait le salon comme les joyeux reflets