Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous l’avez donc vue ? s’écria l’artiste, avec l’accent d’un vif intérêt. Je n’ai jamais eu ce plaisir, mais je serais très-curieux qu’elle me fût montrée… Et quant au visage, votre impression lui est-elle favorable ?

— On n’en vit jamais de plus doux, répondit Phœbé ; il l’est presque trop pour appartenir à un homme.

— Et dans les yeux, nul égarement ? continua Holgrave, si animé que Phœbé en éprouva quelque embarras, ainsi que de la liberté calme avec laquelle il se prévalait de leur connaissance à peine faite. Rien de ténébreux, rien de sinistre nulle part ?… Vous serait-il impossible de croire à quelque grand crime commis par l’original de ce portrait ?

— Il est ridicule à nous, dit Phœbé avec un peu d’impatience, de disserter ainsi sur un portrait que vous n’avez jamais vu… Vous vous méprenez, sans doute… Un crime ! y songez-vous ?… Mais puisque vous êtes lié avec ma cousine, que ne lui demandez-vous de vous montrer cette miniature ?

— La vue de l’original servira mieux mes projets, répondit froidement le photographe… Quant à son caractère, inutile de le discuter… Un tribunal compétent, ou qui se regarde comme tel, a déjà résolu le problème qui s’y rattache… Arrêtez cependant ! demeurez encore un peu, s’il vous plaît !… J’ai une proposition à vous faire. »

Phœbé, sur le point de battre en retraite, se retourna non sans quelque hésitation ; elle ne comprenait rien à ce sans gêne qui, en y regardant bien, n’était cependant qu’un oubli des règles de l’étiquette et n’avait aucun caractère offensant.