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cité, tandis que le coq et ses sultanes — jetant un regard oblique à la nouvelle venue et caquetant l’un avec l’autre — semblaient se communiquer leurs opinions respectives sur sa physionomie et son caractère. Une imagination un peu vive pouvait voir en eux les esprits tutélaires de la Maison aux Sept-Pignons, associés à ses longues destinées ; — ses anges gardiens, si l’on veut, avec un plumage et des ailes tant soit peu différents de ceux que la Tradition accorde aux agents de la protection divine.

Enthousiasmé de certaines paroles affectueuses qui accompagnaient les libéralités de Phœbé, le poulet, si grave qu’il parût, n’hésita pas à sauter sur l’épaule de la jeune fille.

« Voilà ce qui s’appelle un témoignage flatteur ! » dit alors une voix derrière Phœbé.

Une volte-face rapide lui fit apercevoir, non sans quelque surprise, un jeune homme qui avait pénétré dans le jardin par une autre porte que celle du corps de logis principal. Il tenait en main une houe, et pendant que Phœbé allait chercher la nourriture destinée aux poules, il s’était mis à sarcler la terre au pied du plant de tomates.

« Ce poulet vous traite vraiment en vieille connaissance, continua-t-il paisiblement avec un sourire qui plut à Phœbé… Ces autres vénérables volatiles semblent aussi vous accueillir de la manière la plus affable. C’est du bonheur, savez-vous, que de vous être sitôt impatronisée auprès d’eux !… Nos relations datent de bien plus loin, mais ils ne m’ont jamais honoré d’une familiarité pareille, quoique je leur donne à manger presque tous les jours. Miss Hepzibah, j’en suis sûre,