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LA MARTINIQUE.

les colonies n’ont pas péri, il est vrai ; mais nous défions quiconque les a habitées et les connaît, de nier que leurs intérêts, dont la mère-patrie est si profondément solidaire, n’aient été en un jour gravement compromis, sinon tout à fait perdus.

Quoi qu’il en soit, la folie des premières heures de liberté une fois apaisée, les plus intelligents des nègres et des mulâtres envisagèrent froidement la situation, et, de ce jour, ils se proposèrent, avec la ténacité qui leur est propre, d’atteindre deux buts essentiels : l’instruction et la fortune. Nous ne les suivrons pas dans les longues et difficiles étapes qu’ils ont eu à franchir ; il nous suffit de constater qu’aujourd’hui beaucoup ont obtenu le résultat tant désiré.

Les blancs n’ont fait d’abord que rire des efforts de leurs esclaves d’hier. Ils ont persisté dans leur mépris, sans daigner s’apercevoir que le vieux monde créole s’était écroulé, et qu’un jour prochain viendrait où le sol de