Page:Haurigot - Excursion aux Antilles françaises, 1890.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
LA MARTINIQUE.

Les blancs étaient autrefois les maîtres absolus du pays et n’estimaient nègres ou mulâtres qu’à leur valeur vénale, c’est-à-dire qu’ils ne les estimaient point du tout, les considérant purement et simplement comme des bêtes de somme susceptibles de produire un revenu plus ou moins élevé. De fait, les esclaves, sans état civil, sans famille, propriété absolue du maître qui les avait payés, dégradés souvent par les châtiments corporels et les traitements les plus vils, n’étaient guère en état d’inspirer la considération ; et le seul sentiment qu’ils pussent éveiller dans l’âme, même des meilleurs, était celui d’une pitié un peu méprisante.

Les temps et les choses ont bien changé. Un des plus beaux titres de gloire des hommes de 1848, c’est, à coup sûr, l’émancipation des esclaves. Nous nous sommes déjà permis de dire que ce grand acte de l’affranchissement a été accompli avec une précipitation regrettable ; nous ajouterons ici, après avoir