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mais même un recueil périodique ; on manquait presque absolument de moyens de publicité, ou l’on n’en avait que de très-élémentaires ; il n’y avait guère plus de publicité commerciale que de publicité politique. Ce n’était que par ouï-dire que l’on connaissait les événements, et ce que l’on voulait faire savoir au public, on n’avait d’autre ressource que de le faire crier par les rues. Pour avoir une idée de ce que devaient être alors les relations sociales à ce point de vue, qu’on se figure, si l’on peut, ce qui adviendrait si les journaux et les affiches venaient tout à coup à être supprimés. Ce fut Renaudot qui porta la lumière dans ce chaos.

Il établit d’abord, sous le titre de Bureau d’adresse et de rencontre, un centre d’informations et de publicité, où chacun pouvait se procurer l’adresse dont il avait besoin, ou tel autre renseignement de même nature. Là se rencontraient les acheteurs et les vendeurs, et l’on y tenait registre de ce dont ceux-ci voulaient se défaire, et de ce que ceux-là désiraient acquérir. Les nouvellistes aussi s’y donnaient rendez-vous et y tenaient de paisibles conciliabules[1].

  1. On a d’Eusèbe Renaudot, fils de Théophraste, un Recueil général des questions traitées ès conférences du Bureau d’adresse, sur toute sorte de matières, par les plus beaux esprits de ce temps ; Paris, 1669, 5 volumes, pleins de choses on ne peut plus curieuses. Quand la Gazette fut sortie du Bureau d’adresse, l’usage s’établit de désigner plus particulièrement par ce nom le lieu où l’on recevait les nouvelles pour cette feuille, et où on la débitait. — Puis on l’appliqua figurément aux maisons où l’on débitait beaucoup de nouvelles.