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chimiques eurent un succès d’autant plus grand, qu’il les donnait gratuitement aux pauvres, avec ses consultations.

En effet, soit par un sentiment d’humanité, soit par calcul, il s’était fait le commissaire officieux, mais qualifié et breveté, des pauvres et des malades, de ceux qui ne voulaient pas entrer dans les hôpitaux, qui préféraient être traités à domicile : il se chargeait de leur procurer gratis médecins et médicaments.

Ce n’était pas, du reste, le seul service qu’il rendît aux malheureux. Dans le désir de venir en aide aux travailleurs, il avait établi une maison de prêt, ou mont-de-pieté, où affluaient les gens nécessiteux. Ce fut le premier établissement de ce genre. On y prêtait le tiers de l’estimation des objets, moyennant 3 % d’intérêt et un léger droit d’enregistrement. Les dépôts, il est vrai, devenaient la propriété du prêteur s’ils n’étaient pas retirés à l’époque convenue mais on ne dit pas que Renaudot ait abusé ou même usé de cette clause rigoureuse. Que l’on compare ces conditions à celles que font nos monts-de-piété actuels ! Cependant, les bonnes gens ne manquèrent pas de crier à l’usure. Mais Renaudot leur préparait de bien autres sujets de criailleries.

On savait à peine, en France, au commencement du XVIIe siècle, ce que pouvait être, je ne dirai pas un journal dans l’acception actuelle de ce mot,