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à Colbert la prolongation de ce pouvoir accordé aux juges inférieurs. « Il y a nécessité, disait-il, de réprimer par les voies les plus rigoureuses la licence que l’on continue de se donner d’envoyer dans les pays étrangers des libelles manuscrits et gazettes à la main ; mais il serait d’une fâcheuse conséquence de traduire les écrivains pernicieux qui débitent de semblables pièces du premier tribunal au supérieur, et d’exposer à la vue de plusieurs et d’un grand nombre de juges de pareils libelles, qu’on ne saurait tenir trop secrets, ni trop tôt supprimer. »

Les peines dont les menaçait la répression de la justice n’étaient pas le seul danger que les gazetiers à la main eussent à redouter ; ils étaient en outre exposés sans défense à la vengeance personnelle des particuliers. C’est ainsi que le marquis de Vardes, si l’on en croit le cardinal de Retz, fit couper le nez au fameux Montandré, chef des criailleurs du parti des princes, pour un libelle écrit contre la maréchale de Guébriant, sœur du marquis, sans que la justice s’inquiétât davantage de cet acte barbare.


Ces rigueurs expliquent les intermittences, les transformations de ce journalisme clandestin, et l’extrême rareté des gazettes manuscrites ; mais si ces feuilles nous ont échappé, en raison même de leur nature, il nous est facile de juger, aux persé-