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n’en fut rien cependant, grâce à l’avantage qu’elles avaient sur ces dernières d’être beaucoup plus libres et plus complètes. Cette liberté suffit pour les soutenir, et elles persistèrent longtemps, malgré les arrêts des tribunaux, malgré la chasse que leur donna Renaudot, qui aurait voulu, au dire de Guy Patin, son caustique adversaire, « faire pendre tous ces faiseurs de gazettes à la main, d’autant plus qu’ils étaient cause qu’il ne se vendait guère de sa gazette imprimée. »

Le même fait se produisit en Angleterre, où la presse, cependant, était relativement beaucoup plus libre. Chez nos voisins d’outre-mer, comme sur le continent, le vrai journal se fit longtemps par correspondance ; là aussi les grands personnages avaient des correspondants attitrés, et cet usage y avait également introduit l’industrie des lettres-circulaires et des nouvelles à la main. La noblesse des comtés, qui venait rarement à la cour, n’avait guère d’autre moyen d’information que ces lettres-circulaires, et les établissements publics, les cafés, avaient soin d’en recevoir quelqu’une, afin de se créer, par l’appât de la curiosité, une clientèle plus élevée. Il fallut longtemps pour que la feuille imprimée se substituât complétement à la gazette manuscrite des nouvellistes, et les raisons en sont bien simples. Les premiers journalistes étaient fort mal informés, et quiconque approchait un peu les