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bruits de la ville et de la cour. « L’occupation de ces oisifs, dit le petit livre que nous citions tout à l’heure, est de s’entretenir de ce qu’ils ont vu et de ce qui les regarde, en particulier lorsque les nouvelles ne fournissent pas ; et bien souvent, dans l’empressement que quelques-uns ont de donner bonne opinion de leur fait, quatre ou cinq parlent à la fois. » Mais on doit croire que les nouvelles faisaient rarement défaut, l’imagination des nouvellistes suppléant abondamment en cas de disette. « Quelques-uns consentiraient, dit La Bruyère, à voir une autre fois les ennemis aux portes de Dijon ou de Corbie, à voir tendre des chaînes et faire des barricades, pour le seul plaisir d’en dire ou d’en apprendre la nouvelle. » Les affaires de l’État n’étaient-elles pas d’ailleurs un thème inépuisable pour les politiqueurs de ces conciliabules ? « Le sublime du nouvelliste est le raisonnement creux sur la politique », dit encore notre grand moraliste. Et Montesquieu : « Il y a une certaine nation qu’on appelle les Nouvellistes. Leur oisiveté est toujours occupée. Ils sont très-inutiles à l’État ; cependant ils se croient considérables, parce qu’ils s’entretiennent de projets magnifiques et traitent de grands intérêts. La base de leur conversation est une curiosité frivole et ridicule. Il n’y a point de cabinets si mystérieux qu’ils ne prétendent pénétrer ; ils ne sauraient consentir à ignorer quelque chose. À