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INTRODUCTION

rosée, ne s’émouve et ne s’ébatte sur cette connaissance. »

L’émotion passée, et chacun retourné à ses affaires, il ne restait aux écoutes que les nouvellistes par caractère et les nouvellistes de profession, race éteinte aujourd’hui, mais qui avait grandement sa raison d’être avant l’existence des journaux. Le besoin de se renseigner avait fait organiser sur divers points de Paris des centres auxquels venaient aboutir, comme à un commun écho, tous les bruits sur les choses de l’intérieur et de l’extérieur. Les principaux centres étaient : le jardin du Luxembourg, qui fut longtemps le chef-lieu du nouvellisme, et qui demeura toujours le point de ralliement des nouvellistes littéraires, des chenilles du théâtre, comme les appelle Gresset [1] ; — le jardin des Tuileries, où l’on rencontrait l’arrière-ban des nouvellistes, assis sur les bancs, « à l’ombre, autour du rondeau » et sur un autre « fort long, au bout du boulingrin », suivant ce que nous apprend un curieux petit livre, l’Ambigu d’Auteuil (1709, in-8) ; — le jardin du Palais-Royal, rendez-vous habituel de la tourbe des nouvellistes

  Déguenillés, mourant de faim,

  1. C’est à ceux-là que s’adressait ce trait de La Bruyère : « Le devoir du nouvelliste est de dire : Il y a un tel livre qui court, et qui est imprimé chez Cramoisy, en tel caractère ; il est bien relié, et en beau papier ; il se vend tant. Il doit savoir jusques à l’enseigne du libraire qui le débite. Sa folie est de vouloir faire le critique. »