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INTRODUCTION

La passion des nouvelles est probablement aussi ancienne que le monde, et de tout temps il a dû se trouver des hommes pour spéculer sur cette passion. Renfermée dans de justes bornes, c’est un besoin naturel, légitime, qui devait être d’autant plus vif que les moyens de communication étaient plus incomplets ; poussée jusqu’à l’excès, c’est une manie, que Bayle avait justement baptisée du nom de Nouvellisme, et de laquelle sont nés les Nouvellistes, qu’il faut eux-mêmes distinguer en nouvellistes par caractère et nouvellistes de profession, mais auxquels on peut attribuer en commun, quoiqu’à des titres différents, la paternité des Nouvelles à la main, espèce de gazettes manuscrites ou clandestinement imprimées qui ont précédé le journal, et qui ensuite ont persisté comme moyen de faire circuler les nouvelles dont la censure ou l’autorité supérieure n’auraient pas permis la publication.

Nous avons vu combien les Gaulois, nos aïeux, étaient avides de nouvelles ; nous n’avons pas dégénéré sous ce rapport, et, pour en être convaincu, il suffit d’avoir vu les rues de Paris, les boulevards surtout, à certaines époques, d’avoir assisté à l’assaut des boutiques de journaux dans certains moments. Rien d’ailleurs de plus naturel que ce besoin. Aujourd’hui, nous avons dans le journal un intarissable causeur qui satisfait amplement notre