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assignerait un retour périodique, la gazette, le journal, serait créé [1].


Le journal naquit presque simultanément, et sous l’influence des mêmes causes, en France, en Angleterre et en Hollande, au commencement du XVIIe siècle. Si l’on s’attache à la question de priorité, les dates semblent être en faveur de la Hollande et de l’Angleterre, mais, en réalité, c’est à la France, comme nous le démontrerons bientôt, qu’appartient l’honneur d’avoir donné naissance au premier journal [2].

Cependant Venise a des prétentions dont nous devons dire quelques mots. Elles reposent uniquement sur l’étymologie du mot gazette, gazetta, dont on s’est longtemps servi pour désigner les feuilles politiques [3], et qui est incontestablement un mot vénitien. Au temps des guerres contre les Turcs, le gouvernement de Venise, pour satisfaire la légitime

  1. Cucheral-Clarigny, Histoire de la presse en Angleterre.
  2. Nous laissons la Chine hors de cause. Il se pourrait faire que l’invention du journal appartînt à cette étrange nation, qui a inventé tant de choses, et notamment l’imprimerie ; telle paraît même être l’opinion de Voltaire (Dictionnaire philosophique), qui dit que la Chine possède des gazettes depuis un temps immémorial mais il ne fait qu’effleurer ce sujet, comme tant d’autres, et personnellement nous ignorons absolument les droits que le céleste empire pourrait avoir à cette invention.
  3. La dénomination de journal, qui a prévalu depuis, fut d’abord réservée aux recueils littéraires et scientifiques. « Un journal, dit l’Encyclopédie, est un ouvrage périodique, qui contient les extraits des livres nouvellement imprimés, avec un détail des découvertes que l’on fait tous les jours dans les arts et dans les sciences… C’est un moyen de satisfaire sa curiosité, et de devenir savant à peu de frais. » Dans cette acception, le plus ancien journal est le Journal des Savants, dont nous parlerons en son lieu.