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relations, de cohésion, entre les diverses provinces, ou même entre les villes de la même province. Chaque cité, chaque bourgade, enfermée dans une double enceinte de fossés et de murailles, vivait d’une vie tout intérieure, indépendamment des bourgades voisines, avec lesquelles elle n’avait souvent que des communications très-difficiles.

À plus forte raison les populations demeuraient-elles absolument étrangères à ce que nous appelons la politique extérieure. C’était l’affaire des rois uniquement et de leurs ministres, et le populaire ne prenait nul souci de ce qui pouvait se passer chez ses voisins. Il fallut les guerres de religion pour mettre fin à cette indifférence mutuelle. Alors, en effet, un intérêt nouveau entra en jeu ; à part les rivalités des souverains, il y eut désormais un intérêt commun entre les nations. La querelle qui se vidait par les armes en Hollande ou en Allemagne était la querelle de tous les protestants et de tous les catholiques ; chaque bataille, chaque prise de ville, mettait une moitié de l’Europe dans la joie et l’autre moitié dans la douleur. Les nouvelles, même des pays les plus lointains, furent dès lors pour toutes les classes l’objet d’une ardente curiosité, et la propagation rapide et régulière de ces nouvelles devint un besoin public.

C’est alors que naquit le journal. La controverse religieuse, si ardente au XVIe siècle, dit un de nos