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leur munificence. L’orgueil de Livie, si l’on en croit Dion Cassius, lui avait suggéré l’idée de faire insérer dans les Actes les noms de tous les Sénateurs, et même des hommes du peuple, qui avaient été admis le matin à l’honneur de la saluer, et Agrippine, mère de Néron, en agit de même. Tibère, au témoignage du même auteur, faisait écrire ou écrivait lui-même dans ces recueils publics de nouvelles, mais pour y consigner ce qu’on avait dit contre lui, quelquefois même ce qu’on n’avait pas dit, et préparer ainsi des prétextes à sa vengeance. Il n’y laissait, d’ailleurs, rien paraître de contraire à ses vues ou à sa domination. Commode, au contraire, prenait un insolent plaisir à faire raconter par les journaux de Rome toutes ses cruautés et toutes ses infamies.


On peut juger, par ces témoignages empruntés aux écrivains romains, de l’importance qu’avaient acquise peu à peu les Acta diurna. Mais il y avait loin encore de ces feuilles au journal, dans le sens qu’on attache à ce mot chez les nations modernes, et qui emporte naturellement avec lui une idée de polémique et de discussion, même dans les pays soumis à l’autorité la plus absolue. « Ni sur la fin de la République, ni sous l’Empire, dit M. Sainte-Beuve dans l’article que nous avons déjà cité, pas plus dans les rares intervalles de liberté que sous la