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RÉPONSE
DE CÉLIDIE À CLIANTE
Rebut.


Il a tenu à peu que votre lettre n’ait été brûlée avant que de la lire, et si je n’avais cru qu’elle me devait donner quelque avis important, ou me parler de quelque affaire considérable, je ne l’aurais pas seulement reçue ni ouverte. Ce qui me console est que je crois que vous êtes devenu fou, et que je ne sais ce que vous me voulez dire. Amour est un dieu que je ne connais point, ni je n’ai aucune envie de le connaître ; je suis muette pour y répondre, et je n’ai point d’oreilles pour écouter ceux qui m’en entretiennent. Toute la grâce que je vous puis faire, c’est d’oublier votre témérité, et de vous défendre de m’en parler de votre vie. Avouez que vous en êtes quitte à bon marché, et que sans les belles qualités que vous possédez, je vous aurais pu répondre plus rigoureusement. Au reste, je ne suis nullement crédule, ni facile à tromper par la flatterie ou par les richesses. Vos offres sont belles, mais je ne les reçois point, et les biens ni les charges, avec leur plus grand éclat, ne sauraient m’éblouir. Si je suis assez heureuse pour que vous trouviez en moi quelques traits qui ne vous fassent point peur et qui ne vous rebutent point, je vous déclare qu’ils ne seront jamais embellis par la douceur, car j’ai fait vœu d’être sévère. J’avoue qu’un cœur fidèle pourrait devenir aimable ; mais je ne crois point qu’il y en ait au monde.

De mis ojos rayos.
Il ne sort de mes yeux que rigueur et que flamme.




Cliante, bien entendu, n’est pas la dupe de ce