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De certain passage de Tallemant des Réaux il résulterait que ces beaux épitaphes n’étaient pas toujours désintéressés, et que Loret se faisait volontiers payer en belles espèces sonnantes l’honneur qu’il faisait à tel ou tel fat de coucher tout du long son nom dans sa gazette. Scarron, que nous verrons tout à l’heure marcher sur ses traces, lui adresse le même reproche, et, tout en faisant son éloge, lui décoche ce trait :


Loret écrit pour qui lui donne.


Et en effet on trouve assez fréquemment dans ses vers de véritables réclames qu’il n’a pu songer à insérer sans y avoir un certain intérêt. Après tout, il n’y aurait là rien que de bien naturel, et ce n’est pas aujourd’hui, quand la réclame joue un si grand rôle dans les journaux même les plus respectables, qu’on pourrait faire un crime à Loret d’avoir tiré parti de la publicité dont il disposait. Il est bon de se rappeler, d’ailleurs, que, venu pauvre à Paris, il n’avait d’autres ressources que celles qu’il s’était conquises par sa plume. Il avait commencé sa carrière de journaliste avec une pension de 250 livres que lui faisait la princesse de Longueville, dont il était « serviteur gagé. »


Princesse, enfin votre ordonnance
M’a fait toucher quelque finance ;
On m’a payé tout un quartier
De ma charge de gazetier.