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Les crieurs d’huîtres à l’écaille,
Les apprentis et les plus gueux
Ne sont pas les plus malheureux,
Car, n’ayant aucun exercice,
D’abord, comme en titre d’office,
Eux et messieurs les crocheteurs
Se sont tous faits colleporteurs ;
Et sitôt que le jour commence ;
Crient, sans mettre d’Eminence :
Voici l’Arrêt de Mazarin,
Voici l’Arrêt de Mascarin,
La Lettre du cavalier George
(Si le nom n’est vrai, l’on le forge) ;
Puis, Voici le Courrier françois,
Arrivé la septième fois ;
Voici la France mal régie ;
Puis votre Généalogie ;
La Lettre au prince de Condé,
Qui vous a si bien secondé ;
Après, Maximes autentiques,
Tant morales que politiques ;
Remonstrances du Parlement,
Quï sont faites fort doctement ;
Item, la Lettre circulaire
À qui vous servez de matière ;
Lettre de consolation
À Madame de Chastillon.
Bref, tout au long de la journée,
Chacun, comme une âme damnée,
S’en va criant par ci par là
Et vers, et prose, et cœtera ;
Il n’importe pas sous quel titre,
Car c’est vous seul que l’on chapitre
Et sous d’autres noms quelquefois
On vous donne dessus les doigts.
De dire par quelle espérance