Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 1.djvu/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il travaillait ainsi qu’un barbe
Pour la copie de la barbe,
C’est-à-dire pour un festin
Qui durait depuis le matin
Jusque qu’il eût la rouge trogne
Semblable à celle d’un ivrogne.
Le lucre et la nécessité,
Le plaisir et la volupté,
Dans la passée conjoncture,
Nous ont contraints, je vous assure,
De forcer nos corps et nos sens
Pour faire trois mille cinq cents
Odes, poëmes et libelles,
Qui remplissaient nos escarcelles
D’argent, que selon nos désirs
Nous employions pour nos plaisirs.
Las ! il nous faut plier bagage,
Ce qui nous fait mourir de rage.


Mais la mêlée avait bientôt recommencé de plus belle, à la satisfaction de tous ces pauvres diables, et plus particulièrement des colporteurs : car le métier facile de colporteur était la ressource de ceux qui n’en avaient pas d’autre, et ils étaient nombreux alors ceux qui se trouvaient dans ce cas.


En ce temps difficile,
Personne n’a ni croix ni pile.
Les riches sont bien empêchés :
S’ils ont des biens, ils sont cachés ;
Les marchands ferment leur boutique ;
Les procureurs sont sans pratique ;
Les pâtissiers, pour le douzain,
Au lieu de gâteaux font du pain.
Les vendeurs de vieille ferraille,