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Certains libellistes, écrivains mercenaires, s’étaient vendus à une coterie ou à un homme. Quelques-uns composaient des pamphlets pour s’amuser ; quelques-autres spéculaient sur la vente de leurs écrits. Puis il y avait la tourbe des séditieux qui ne demandaient qu’à faire du bruit, et des affamés qui cherchaient dans le scandale leur pain de chaque jour. Quelques barbouilleurs de papier se mettaient aux gages des libraires, et s’engageaient, moyennant une pistole, à « faire rouler la presse » toute la semaine.

Enfin, dit M. Leber, comme si le libellisme eût été un devoir pour toutes les classes de la société, on voyait des muses improvisées en cottes de bure et en cornettes, des héros de cuisine chanter les héros de la Fronde, et faire, au lieu d’un brouet pour Monsieur, une brochure pour la veuve Coulon[1]. La pièce intitulée Les admirables sentiments d’une villageoise à Monsieur le Prince, et plusieurs autres niaiseries du même genre, sont, dit-on, de la servante d’un libraire, « qui en faisait, dit Naudé, après avoir écuré ses pots et lavé ses écuelles. » C’était à qui donnerait son coup de pied au ministre proscrit.

En général, les élucubrations de ces faiseurs, les

  1. C’était la veuve Antoine Coulon qui imprimait les pièces les plus séditieuses. Les meilleures sortaient des presses de la veuve Guillemot, de Robert Sara et de Cardin Besogne.