Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 1.djvu/238

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gable libelliste Dubosc-Montandré, que nous avons déjà cité, personnage singulier, écrivain incorrect et confus, mais qui s’élève parfois jusqu’à l’éloquence. Il était, dit-on, aux gages du prince de Condé. En effet, s’il attaque à la fois les usurpations royales et les usurpations parlementaires, s’il soutient que la plénitude de la souveraineté n’appartient qu’aux états-généraux, que les lois fondamentales sont au-dessus des rois, et les états-généraux au-dessus des lois fondamentales, c’est, à ce qu’on peut croire, au profit de l’aristocratie, puisqu’il ajoute que « les rois ne peuvent former d’entreprises de conséquence sans l’aveu des princes de leur sang et des grands de leur état » ; que les ministres « ont ôté la connaissance du gouvernement aux véritables administrateurs en éloignant les nobles, et en appelant, pour les remplacer, des bourgeois. » Dans un autre de ses pamphlets, cependant, dans le Point de l’Ovale, où il poussait avec une exaltation féroce à l’extermination de tout le parti mazarin et absolutiste, et qui fut condamné par le Parlement, éclate, comme une dissonnance terrible, ce cri échappé du fond des entrailles du peuple : « Les grands ne sont grands que parce que nous les portons sur nos épaules ; nous n’avons qu’à les secouer pour en joncher la terre. » C’est l’épigraphe que Loustalot, un siècle et demi plus tard, inscrivait en tête de son journal les Révolutions de Paris :