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abandonnée aux écrivains de la Samaritaine et aux secrétaires de Saint-Innocent. Disons d’ailleurs que les pamphlets sont très-rarement signés, et que, quand ils le sont, c’est le plus souvent d’un nom à peu près inconnu aujourd’hui ou d’un pseudonyme.

Les tiraillements qui signalèrent l’année 1652 imprimèrent une nouvelle face aux pamphlets. Le peuple ne pouvant percer les mystères de l’intrigue, une espèce de fièvre agitait cette multitude ardente et passionnée, que ses chefs officiels prétendaient retenir dans une neutralité impossible. La foule était arrivée, par excès d’impatience, à détourner presque son courroux du Mazarin pour le rejeter sur les corps constitués, qui ne savaient ni ramener amiablement le roi à Paris, ni chasser Mazarin par la force ; et la réaction allait sans cesse grandissant contre l’aristocratie de robe. Désabusée de toutes les espérances fondées sur le Parlement, flottant de l’abattement à la fureur, mais désirant par-dessus tout la paix, la population parisienne avait fini par se tourner vers les Princes, non par sympathie, mais par manière de pis-aller. Il y a de curieuses observations à faire sur les pamphlets publiés vers cette époque dans l’intérêt des Princes : la violence démagogique y perce sous la violence nobiliaire. Le type de cette combinaison d’éléments hétérogènes, c’est l’infati-