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jamais, même pendant les guerres de religion, les publications politiques n’avaient pris de pareilles proportions. C’est que la Fronde combattit avec la plume beaucoup plus qu’avec l’épée. On discutait dans le Parlement, on bavardait dans les ruelles, et toutes ces grandes colères se dissipaient en paroles et en libelles. Tout le monde se mêlait d’écrire. « Il n’était enfant de bonne mère, il n’était véritable Français, qui ne se crût obligé de donner une pièce au public. » — « C’est une chose admirable, dit le Remerciement des imprimeurs à Monseigneur le Cardinal Mazarin (1649), de quelle façon nous travaillons. Votre vie est un sujet inépuisable pour les auteurs et infatigable pour les imprimeurs… Il ne se passe pas de jour que nos presses ne roulent sur plus d’un volume de toute sorte d’ouvrages, tant de vers que de prose, de latin que de français, tant en caractères romains qu’italiques, canon, gros-canon, petit-canon, parangon, gros-romain, saint-augustin, cicéro, etc. Une moitié de Paris imprime ou vend des imprimés, l’autre moitié en compose : le Parlement, les prélats, les docteurs, les prêtres, les hermites, les religieux, les chevaliers, les avocats, les procureurs, les clercs, les secrétaires de Saint-Innocent, les filles du Marais, enfin le cheval de bronze et la Samaritaine, écrivent et parlent de vous. Pierre du Guignet[1] ne saurait plus

  1. Pierre de Cugnières, surnommé du Coignet, dont le clergé avait placé la