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On voit dans la Gazette du 5 septembre, sous la rubrique de Salé, 12 novembre, un article assez singulier pour que nous croyions devoir le transcrire tout entier :

On commence à renouer ici (à Salé) le trafic discontinué depuis quinze ans qu’il y a que notre paix fut révoquée avec la France par le vol de la bibliothèque du roi de Maroc, où était le manuscrit original des Œuvres de Saint-Augustin, estimée tant pour le prix des volumes que, notamment, des pierreries dont ils étaient enrichis, à quatre millions de livres, qu’avait emportée un renégat de la foi catholique et de la nation française, en Espagne, qui les détient jusques à présent, quelque instance qu’on ait faite pour les ravoir. On eût suivi, à faute de mieux, l’expédient proposé de nous rendre les peaux écrites, en retenant pour eux les couvertures, si elles eussent été encore en leur entier. Mais les Espagnols n’y gagneraient guère à présent, ayant fait voir, par l’ordre qu’ils y ont donné de bonne heure, qu’ils trouvent les écrits des Saints Pères assez riches d’eux-mêmes, et qu’ils aiment la vérité toute nue.

La Gazette du 5 septembre fait mention d’un ballet donné le 28 août par les domestiques du prince cardinal de Savoie,

Devant Sa Majesté et celle de la reine, dans la salle de la comédie, à Monceaux, où ils démentirent le proverbe qui dit que deux montagnes ne se rencontrent jamais, car ils en firent trouver quatre, d’où une femme, qui représentait la vaine Renommée, fit sortir quatre à quatre divers habitants, bizarrement, mais superbement vêtus de la livrée du lieu de leur demeure ; assavoir : ceux de la montagne résonnante couverts de sonnettes, un tambour en main et une cloche en tête ; ceux de la montagne ardente, une lanterne en chaque main, et affublée d’une autre ; ceux de la montagne venteuse, un soufflet en main et coiffés d’un moulin