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paraît s’en faire généralement ; la presse littéraire surtout eut une réelle et grande importance.

« On ne s’imagine pas, dit un écrivain dont il ne m’appartient pas de faire l’éloge[1], si l’on n’y a sondé directement, par places, l’immensité et la multiplicité de ce que l’histoire des journaux, avant la Révolution, aurait à embrasser dans l’intervalle de cent vingt-quatre ans, depuis 1665, date de la fondation du Journal des Savants, jusqu’en 89. L’utilité et le jour qui en rejailliraient pour l’appréciation littéraire des époques qui semblent épuisées ne paraissent point avoir été assez sentis. Dans l’histoire qu’on a tracée jusqu’à présent de la littérature des deux derniers siècles, on ne s’est pris qu’à des œuvres éminentes, à des monuments en vue, à de plus ou moins grands noms : les intervalles de ces noms, on les a comblés avec des aperçus rapides, spirituels, mais vagues et souvent inexacts. On a trop fait, avec ces deux siècles, comme le touriste de qualité qui, dans un voyage en Suisse, va droit au Mont-Blanc, puis dans l’Oberland, puis au Righi, et qui ne décrit et ne veut connaître le pays que par ces glorieux sommets. Le plain-pied moyen des intervalles n’a pas été exactement relevé, et on ne l’atteint ici que par cette immense et variée surface que présente la littérature des journaux.

  1. M. Sainte-Beuve, Portraits contemporains, t. II, p. 362.