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lape, ny la playe que me fit M. Talon par ses conclusions à la gloire de mes ennemis et à mon grand dommage et regret tout ensemble. Par là V. E. peut voir si je n’ay pas sujet d’appréhender le succez de la seconde prophétie par celuy de la première…

Après s’en être quelque peu défendu, Renaudot récite au Cardinal cette seconde prophétie, que voici :


Au temps que NIRAZAM, ayant gaigné la Poule,
Coq et Poulets plumé, fera gille drilleux,
Lors puant Roy crétois, faisant sault périlleux,
Par infame licol fera chanter la foule.

Mazarin ne voit là que des noms barbares, et une énigme encore plus difficile à deviner que la précédente :


Ah ! Monseigneur, lui dit le Gazetier, que V. E. parleroit autrement si elle y avoit un peu pensé ! Le nom que vous appelez barbare, et non pas sans raison, c’est le vostre, car, si vous lisez Nizaram à l’envers, et à la façon des Hébreux, vous trouverez Mazarin. La Poule, c’est la reyne ; et pour le Coq et Poulets plumez, cela signifie le roy et les peuples, dont vous avez tellement épuisé les finances, que sa cuisine, faute d’argent, a été deux fois renversée, et le royaume n’est plus qu’un hospital de gueux. Et c’est ce qui a excité les François à demander vostre esloignement, à se roidir contre vostre tyrannie, et à protester de n’estre jamais satisfaits que vous ne fussiez hors de l’Estat. Voyez s’il se peut rien dire de plus facile en matière de prophétie, et si je n’ay pas sujet de craindre le funeste événement qui est prédit par les autres deux vers…


Enfin le ministre et le gazetier se séparent en