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à l’accusation d’exercice illégal de la médecine, elle joignit, par une étrange confusion de tous les principes, celui de trafic et d’usure. Sur ce terrain, l’envie pouvait se donner plus largement carrière, et nous avons vu quelques-uns de ses admirables arguments. Ce qu’il y eut de déplorable dans cette affaire, c’est que les juges de Renaudot ne montrèrent pas plus de lumières que ses adversaires ne montrèrent de bonne foi. On était sous la régence, Richelieu n’était plus là pour protéger le pauvre Renaudot, et le Parlement avait peu de goût pour les créatures du défunt cardinal. En vain une foule de témoins vinrent déposer en faveur de son talent et de l’excellence de ses remèdes ; il avait contre lui la lettre de la loi, il devait succomber, et l’arrêt, que le temps en cela devait bientôt casser, condamna du même coup son mont-de-piété comme un établissement nuisible aux classes pauvres. Fort heureusement pour la Gazette qu’elle avait de puissants protecteurs, car elle aurait bien pu, sans cela, ne pas survivre à cet étrange procès.

C’est alors qu’il faut entendre les éclats de Guy Patin ; il triomphe avec une sorte de joie cruelle, et ses lettres de 1644 sont toutes pleines de ses bulletins de victoire :

« Un grand et solennel arrêt de la Cour, donné à l’audience publique, après les plaidoyers de cinq avocats et quatre jours de