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laisiennes, mais sans rire ; il mord à belles dents et emporte la pièce.

Il faut lire sa correspondance pour comprendre jusqu’à quel point une querelle de boutique peut aveugler un homme d’esprit ; on trouverait difficilement un autre exemple d’une pareille animosité. Il ne peut parler de Renaudot, il n’y peut songer, sans une sorte d’horripilation, et la langue française ne lui fournit pas de mots assez forts pour exprimer sa haine contre ce Théophraste ou plutôt Cacophraste Renaudot, ce nez pourri de gazetier, ce nebulo hebdomadarius, omnium bipedum nequissimus et mendacissimus et maledicentissimus, qui indiget heleboro, aut acriori medicina, flamma et ferro ; ce Bureau d’adresse, meus agyrta convitiator et sycophanta deterrimus. « Si ce gazetier, écrivait-il au mois de mai 1641, n’était soutenu de l’Éminence en tant que nebulo hebdomadarius, nous lui ferions un procès criminel, au bout duquel il y aurait un tombereau, un bourreau, et tout au moins une amende honorable ; mais il faut obéir au temps. Par provision, M. Moreau fait une réponse à son factum, qui est une pure satire : je pense que le gazetier y sera horriblement traité, et comme il le mérite, en attendant que le bourreau vienne à son rang tomber sur le maraut. Ce n’est pas que son livre mérite réponse ; mais, comme il est méchant et impudent, il se vanterait qu’on n’aurait