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ensuite, et il se produisit, au milieu du XVIIIe siècle, un spectacle qui s’est, depuis, plus d’une fois renouvelé : « Les journaux de toute espèce devinrent la grande ressource de toute la petite littérature, parce que c’est tout ce qu’il y a de plus aisé à faire[1]. » Les chroniqueurs du temps ne cessent de fulminer contre ce débordement.

Le Mercure, sur le domaine duquel cette bande d’affamés empiétait beaucoup plus que sur celui du Journal des Savants poussa les hauts cris, fatiguant de ses plaintes et la ville et la cour, et les tribunaux et le conseil. Mais il eut beau dire et beau faire : la digue était rompue ; il lui fallut vivre côte à côte avec cette multitude d’intrus qui réclamaient leur place au soleil, et dont quelques-uns lui faisaient particulièrement ombrage ; les Petites-Affiches, par exemple, une feuille, ou plutôt deux feuilles avec une seule tête, qui jouèrent dans la littérature, pendant la dernière moitié du XVIIIe siècle, un rôle qu’on ne devinerait pas sur leur titre, et le Journal de Paris, le premier de nos journaux quotidiens.

Le tourbillon des idées, qui entraînait bon gré mal gré le gouvernement sur la pente de la révolution, amena bientôt d’autres concessions importantes. Les gazettes étrangères furent admises en France, et l’on recherchait avec avidité celles qui étaient écrites dans notre langue. Ce que voyant,

  1. La Harpe, Correspond. litter. ; t. I, p. 362.