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étant malaisé qu’entre cinq cents nouvelles écrites à la hâte, d’un climat à l’autre, il n’en échappe quelqu’une à nos correspondants qui mérite d’être corrigée par son père le Temps ; mais encore se trouverait-il peut-être des personnes curieuses de savoir qu’en ce temps-là tel bruit était tenu pour véritable. Ceux qui se scandaliseront possible de deux ou trois faux bruits qu’on nous aura donnés pour vérités seront par là incités à débiter au public, par ma plume (que je leur offre à cette fin), les nouvelles qu’ils croiront plus vraies, et, comme telles, plus dignes de lui être communiquées… »


On peut juger, d’après cette préface, publiée un an après l’apparition du premier numéro, à quelles tracasseries était en butte le pauvre gazetier[1], comme le nommaient les pamphlets.

Mais, fort de l’appui du pouvoir et de la faveur publique, Renaudot poursuit son œuvre sans se laisser ébranler. On voit pourtant que ces attaques continuelles l’inquiètent et l’irritent. Pendant deux ans, il se croit obligé d’y répondre une fois par mois, tout en s’avouant à lui-même qu’il ne réussira point à convaincre ses détracteurs : « car, dit-il quelque part, mon récit étant l’image des choses présentes, non plus qu’elles il ne saurait plaire à tout le monde. »

Cependant le succès d’une pareille entreprise ne pouvait être un instant douteux en France : aussi fut-il rapide et grand. Dès 1633, Renaudot se place

  1. Nous savons que le mot n’était pas nouveau. On appelait aussi gazetiers, gazetières, les colporteurs et vendeurs de la Gazette.