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rope au moment où il commençait sa publication, et destiné, si nous pouvons parler ainsi, à la mettre à jour. En tête de l’exemplaire de la Bibliothèque impériale se voit un portrait de Renaudot ; il porte cette légende : Theophrastus Renaudot Iuliodunensis, medicus et historiographus regius, œtatis anno 58, salutis 1644 ; et cet exergue, par lequel il voulait faire entendre la part qu’il eut dans la création des journaux :



Invenisse juvat, magis exequi, at ultima laus est
        Postremam inventis apposuisse manum.


Il ne faudrait pas conclure des circonstances qui ont amené la création du premier de nos journaux que ce fût un recueil de commérages. Renaudot avait pris par son côté sérieux le besoin qui travaillait les esprits ; c’était une œuvre sérieuse qu’il avait entreprise, et pendant vingt-deux ans il en poursuivit l’accomplissement avec un dévouement, avec une régularité dont on appréciera tout le mérite, si l’on se reporte au temps où il écrivait.

Mais écoutons-le lui-même : il va nous dire, dans ses préfaces, quel sera l’esprit de sa Gazette, et comment il appréciait la portée et les avantages de cette invention :


« Sire, dit-il au roi en lui offrant le recueil de la première année, c’est bien une remarque digne de l’histoire, que, dessous soixante-trois rois, la France, si curieuse de nouveautés, ne se soit point avisée de publier la gazette ou recueil pour chacune