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tiens, encore une nouvelle forme de haute trahison » et il est parti avec le tapissier qu’on n’a plus jamais revu.

— Il y en aura des tas qu’on ne reverra plus, dit Chvéïk ; donnez-moi un rhum, s’il vous plaît.

Au moment où Chvéïk finissait son second rhum, le détective Bretschneider entra. Ayant lancé un regard circulaire dans la salle vide, il prit place à côté de Chvéïk et demanda une bière. Et il attendit, croyant que Chvéïk allait parler le premier.

Mais Chvéïk se leva et alla décrocher un journal derrière le comptoir. Il fixa son regard sur la page des « Petites Annonces » et dit à haute voix :

— Tiens, M. Tehimpera à Straskow, n° 5, poste Racineves, vend sa ferme avec treize hectares ; école et gare à proximité.

Bretschneider pianotait nerveusement des doigts sur la table. Puis, s’adressant à Chvéïk, il dit :

— C’est étonnant ce que vous vous intéressez maintenant à l’agriculture, monsieur Chvéïk.

— Tiens, tiens, c’est vous, répondit Chvéïk en lui serrant la main ; je ne vous avais pas reconnu au premier moment, j’ai peu de mémoire, vous savez. La dernière fois qu’on s’est vu, c’est au bureau de la Direction de la Police, si je ne me trompe. Ça fait du temps. Comment que ça va, depuis ? Est-ce que vous venez souvent ici ?

— Je viens aujourd’hui exprès pour vous, dit Bretschneider, on m’a dit à la Direction que vous vendiez des chiens. J’aurais besoin d’un ratier ou d’un griffon, enfin, quelque chose dans ce goût-là.

— Je vous fournirai tout ce que vous voudrez, promit