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dit-il. Qu’est-ce que vous en penseriez ?

— Je ne crois pas que mon état soit si grave que ça. Dans tous les cas, je ne voudrais pas faire perdre à ces messieurs leur temps si précieux. Et, du reste, j’ai déjà passé par un examen médical au Commissariat central, ils ont voulu savoir si je n’avais pas la chaude-pisse.

— Je vais vous dire, monsieur Chvéïk, nous allons tout de même faire appel aux médecins-légistes. Nous allons réunir une bonne petite commission et, en attendant, vous vous reposerez à la Détention préventive. Maintenant, encore une question : il résulte du rapport de la Police que vous avez affirmé que la guerre était imminente ?

— Elle se fera pas attendre, Monsieur le Conseiller, c’est moi qui vous le répète !

— N’avez-vous pas de temps en temps des crises de nerfs ? Je veux dire, n’y a-t-il pas des moments où vous sentez quelque chose comme si on en voulait à votre vie…

— Une seule fois j’ai eu un sentiment comme ça, interrompit Chvéïk ; c’est quand j’ai failli être écrasé par une auto sur la place Charles. Mais il y a pas mal d’années de ça.

L’interrogatoire prit fin. Chvéïk tendit la main au juge et retourna dans sa petite chambre paisible, où il annonça à ses camarades de cellule :

— Il paraît qu’on va me faire examiner par les médecins-légistes, à cause de cet assassinat de Monseigneur l’archiduc Ferdinand.

— Moi, ils m’ont déjà examiné, les médecins-légistes, dit un jeune homme, et c’est quand je suis passé aux assises pour les tapis. Ils m’ont reconnu comme « faible d’esprit ». Maintenant, j’