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— Bien sûr que je comprends, dit Chvéïk, je « vous déclare avec obéissance » que je vous comprends parfaitement et que, dans toutes les questions qu’il vous plaira de me poser, je saurai parfaitement où j’en suis.

— Quels sont les gens que vous fréquentez habituellement ?

— Ma logeuse.

— Et dans les milieux politiques vous ne connaissez personne ?

— Si, j’achète tous les jours l’édition du soir de La Politique Nationale qu’on appelle La Petite Chienne, et elle me met au courant de tous les événements politiques.

— Foutez-moi le camp, lui cria l’homme aux yeux de bête cruelle.

Tandis qu’on l’entraînait, Chvéïk émit encore en formule de politesse :

— Bonne nuit, dormez bien, honoré M’sieur.

Rentré dans sa cellule, Chvéïk annonça à ses co-inculpés qu’un interrogatoire comme il venait d’en subir un n’était que de la rigolade. On vous engueule un peu et, à la fin, on vous fout à la porte.

— Autrefois, continua Chvéïk, c’était bien pire. J’ai lu une fois un livre sur la question qu’administrait aux torturés le tortionnaire ou bourreau. Pour prouver leur innocence les accusés devaient marcher sur du fer rougi au feu, et on leur coulait du plomb fondu dans la bouche. Ou bien on les chaussait de brodequins d’Espagne et on leur appliquait le supplice de la roue, ou encore on leur chauffait et brûlait les flancs avec des torches de pompiers, comme on a fait à Jean Nepomucène. J’ai lu qu’il criait comme si on l’écorchait et