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marche. Il voulait aussi qu’ils chantent en allant à la plaine d’exercice et au retour. Marchant à côté de sa compagnie, il chantait avec elle :


Et voilà qu’à minuit
L’avoine du sac s’enfuit,
Trala ria boum.


Il était bien vu par les soldats qui l’aimaient pour son esprit de justice et parce qu’il ne tyrannisait personne.

Les sous-officiers tremblaient devant lui, il lui suffisait d’un mois pour changer en agneau pacifique le plus brutal sergent-major.

Il criait souvent, c’est vrai, mais sans jamais injurier grossièrement, car il choisissait toujours ses mots avec soin.

— C’est à contre-cœur, voyez-vous, disait-il, que je vous punis, mon garçon ; mais qu’y puis-je faire, la discipline avant tout. C’est d’elle que dépend le moral et l’efficacité de l’armée, sans elle, les soldats ne sont que des roseaux pliant à tous les vents. Si vous ne tenez pas votre uniforme en bon état, s’il vous manque des boutons ou s’ils sont mal cousus, c’est un signe certain que vous oubliez vos devoirs envers l’armée. Vous avez peut-être peine à comprendre que vous méritez d’aller en prison parce que, hier à la revue, il y avait un bouton manquant à votre veste, une bagatelle, un rien que dans le civil on ne remarquerait même pas. Et pourtant, voyez-vous, une petite négligence pareille de votre part vous expose nécessairement à une punition. Pourquoi ? Ce qui est en jeu, ce n’est pas un malheureux bouton, mais bien l’obligation pour vous de prendre des habitudes d’ordre. Aujourd’hui, vous ne recousez